Le vaccin BCG pour combattre le Covid-19, vraiment?
Des essais cliniques visant à tester l’efficacité du vaccin BCG contre le Covid-19 sont en cours ou sur le point d’être lancés dans les pays européens (Pays-Bas, Allemagne, France, Espagne…) et en Australie. S’il y a bien actuellement une réflexion autour d’un déploiement en Afrique, il se ferait en parallèle de ces derniers. L’Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches car la pandémie est globale. Si les essais internationaux étaient concluants, le vaccin BCG pourrait être une grande aide pour protéger les soignants.
Pour rappel ces essais cliniques ont pour objectif d’évaluer chez les personnels soignants et à forte exposition aux malades, l’efficacité du vaccin BCG contre le Covid-19. Ce vaccin vivant a en effet déjà montré des résultats intéressants contre d’autres infections respiratoires et pourrait être un atout contre le Covid-19.
Le projet Aphro-Cov n’a quant à lui rien à voir avec les recherches sur le BCG. Il s’agit d’un dispositif visant à améliorer la veille sanitaire et la prise en charge des cas suspects dans 5 pays d’Afrique, en collaboration avec les laboratoires hospitaliers, les CHU et les Instituts nationaux de santé publique locaux.
En savoir plus sur le dispositif Aphro-Cov
C’est un sujet qui revient beaucoup depuis quelques jours, le vaccin BCG contre la tuberculose serait un allié prometteur dans la lutte contre le Covid-19. Mais qu’en est-il vraiment ?
Des études épidémiologiques ont montré de façon intéressante une corrélation entre taux de vaccination au BCG et taux de morbidité et de mortalité face au Covid-19. Si la majorité de ces études vont dans le même sens, elles ne permettent pas de conclure à une relation de causalité car elles restent soumises à d’importants biais, en particulier sur la différence de niveau de vie et de politique de santé entre les pays à fort et à faible taux de vaccination.
Cependant, le BCG a démontré auparavant chez les enfants un effet protecteur non spécifique contre les infections, en particulier respiratoires. Les vaccins vivants comme le BCG, le vaccin contre la rougeole ou encore le vaccin oral contre la polio auraient en effet des effets bénéfiques non spécifiques sur certaines infections. Le BCG pourrait ainsi permettre de diminuer l’importance de l’infection au virus SARS-CoV-2 en stimulant la mémoire de l’immunité innée, première immunité à entrer en jeu face à une infection, et en induisant ainsi une « immunité innée entraînée ».
Le vaccin BCG est très bien connu (plus de 3 milliards de personnes vaccinées dans le monde) ; beaucoup de données existent et ses contre-indications (immunodéficience notamment) sont peu nombreuses et bien identifiées. Enfin, il s’agit d’un des vaccins les moins chers au monde.
Forts de ces observations, des chercheurs de plusieurs pays ont lancé des essais cliniques de grande ampleur (1 000 personnes aux Pays-Bas, 4 000 en Australie) chez les personnes à haut risque d’exposition (personnels soignants notamment).
La France travaille aussi sur le sujet. Camille Locht, directeur de recherche Inserm à l’institut Pasteur de Lille, prépare la mise en place d’un d’essai clinique français en double aveugle. Une collaboration avec l’Espagne, qui mène également des recherches sur un projet de ce type, pourrait permettre de comparer à grande échelle les bénéfices de la vaccination au BCG à un placebo commun aux deux pays. Si l’essai clinique voit le jour, il faudra cependant encore suivre les participants pendant 2 à 3 mois pour avoir des données fiables.
Les chercheurs se veulent prudents : la piste du vaccin BCG est très intéressante, mais elle nécessite d’être explorée au sein d’essais cliniques rigoureux. Aucune donnée ne permet à ce jour de recommander une vaccination au BCG pour se protéger du Covid-19.
Source : C'EST DANS L'AIR – SALLE DE PRESSE INSERM