Grippe : trop peu de professionnels de santé vaccinés
Soline Roy constate en effet dans Le Figaro que « seuls un tiers des professionnels de santé se sont fait vacciner contre la grippe l’hiver dernier, alors qu’ils sont en contact avec des publics fragiles. Tel est le chiffre avancé lundi par Santé publique France, qui présentait une enquête réalisée auprès de près de 8600 soignants dans 167 établissements de santé, et plus de 500 Ehpad ».
La journaliste souligne que « d’importantes disparités apparaissent selon les professions : les médecins étaient autour de 70% à être vaccinés, les infirmiers 40%, tandis que les aides-soignants, les plus en contact avec les patients fragiles, 20 à 30% seulement ».
Soline Roy ajoute que « ces chiffres sont en progrès par rapport à la dernière enquête menée en 2009, mais restent «insuffisants», estime le Dr Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l’unité infections respiratoires et vaccination à Santé publique France ».
Ce dernier indique ainsi : « Nous aimerions que tous les professionnels de santé soient vaccinés contre la grippe. Tout soignant non vacciné est potentiellement une source de contamination pour les patients fragiles ».
La journaliste relève toutefois qu’« un grand flou demeure sur l’utilité de vacciner les professionnels de santé. Sur le papier, les choses paraissent simples : un soignant qui n’attrape pas la grippe ne la transmettra pas à ses patients. Objectif enviable, alors que plus de 8000 décès ont été attribués à la maladie l’an dernier ».
« Mais les études prouvant la réalité de cette protection par vaccination manquent. En 2016, la Collaboration Cochrane indiquait, d’après les données de trois essais menés sur 5896 résidents âgés en établissement de soins longue durée, ne pas avoir trouvé «de preuves raisonnables pour soutenir la vaccination des professionnels de santé pour prévenir la grippe» chez leurs patients fragiles », rappelle Soline Roy.
Le Dr Lévy-Bruhl remarque que « l’efficacité est très difficile à mettre en évidence, et les études d’observation sont critiquables car il est difficile de comparer les établissements entre eux ».
La journaliste observe que « l’étude qu’il cosigne montre que les fausses idées ont la vie dure, y compris chez les soignants qu’on pourrait pourtant souhaiter être les mieux informés… Ainsi, 40% des non-vaccinés disent craindre les effets secondaires du vaccin. […] Quant à son efficacité, elle est certes variable, «mais le vaccin n’est jamais inefficace sur toutes les souches, et les données plaident pour des grippes moins sévères chez les vaccinés» ».
Soline Roy conclut que « Santé publique France identifie des leviers améliorant la couverture vaccinale chez les soignants. Organiser la vaccination au sein de l’établissement et bénéficier de l’implication d’un responsable (chef de service, cadre infirmier, directeur d’Ehpad…) permet ainsi d’augmenter la couverture vaccinale d’environ 40% dans les établissements de santé. De même que promouvoir la diffusion d’informations sur la vaccination ».