La grippe augmente le risque d'infarctus
Damien Mascret note à son tour dans Le Figaro que « ça y est, elle arrive ! Selon Santé publique France, «l’épidémie de grippe saisonnière a débuté en région Occitanie et s’étendra au reste de la métropole dans les prochaines semaines» ».
Le journaliste en profite pour noter que « des médecins américains viennent de publier une revue des études sur un risque induit souvent méconnu du public : l’infarctus du myocarde ».
« Les résultats semblent tellement convaincants que le Dr Daniel Musher (Texas) et ses collègues, auteurs de l’article, plaident pour que des études soient réalisées afin de savoir si cela vaut la peine de commencer un traitement par statines ou antiplaquettaires (aspirine, etc.) chez les patients hospitalisés pour une infection aiguë », indique Damien Mascret.
Le Dr Pierre Aubry, cardiologue à Paris (hôpital Bichat), remarque qu’« il faudra voir ce qu’il en est en fonction des différents types d’infarctus. En attendant, ce travail confirme qu’il ne faut surtout pas, en cas d’infection, arrêter un traitement par statines ou aspirine chez les patients qui en prennent ».
Damien Mascret rappelle que l’an dernier, le Dr Jeffrey Kwong, professeur associé en santé publique à l’université de Toronto, et ses collègues « ont voulu vérifier l’implication exacte des différents virus dans l’infarctus. Ne serait-ce que pour savoir si la vaccination contre la grippe pouvait réduire directement ce risque ».
« En reprenant 364 cas de personnes hospitalisées pour infarctus du myocarde en Ontario avec un résultat de laboratoire biologique confirmant l’infection virale dans l’année précédant ou suivant l’accident cardiovasculaire, ils ont pu établir deux phénomènes qui plaident en faveur d’un lien », note le journaliste.
Il précise : « D’abord, le fait que le risque d’infarctus est multiplié par 6 dans la semaine qui suit le déclenchement d’une grippe biologiquement confirmée, par rapport au risque de base. Ensuite, que l’augmentation du risque existe avec d’autres virus respiratoires mais à un degré moindre ».
Damien Mascret relève que « le groupe étudié par le Dr Kwong était plutôt âgé, puisque l’âge médian était de 77 ans et les trois quarts des malades avaient plus de 65 ans. En outre, la majorité présentait des facteurs de risque cardiovasculaire : un quart avait déjà fait un infarctus, un tiers présentait une dyslipidémie (anomalie du cholestérol), la moitié était diabétique, et la quasi-totalité (85%) souffrait d’hypertension artérielle ».
Le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue à La Rochelle et président de l’association BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive), observe : « La question n’est pas tranchée de savoir si les comorbidités (infections pulmonaires, diabète, BPCO, âge, obésité, pollution et particules fines) sont liées par un mécanisme pathogénique inflammatoire aux maladies cardiovasculaires ou si elles coexistent simplement. Mais de nombreux travaux sur l’inflammation plaident en faveur de la première hypothèse ».
Damien Mascret note que « l’inflammation chronique est peut-être le chaînon manquant pour expliquer la persistance d’un surrisque d’infarctus plusieurs années après un épisode infectieux sévère ».
Le journaliste souligne que « le Dr Musher et ses collègues pointent un autre pourvoyeur d’infarctus du myocarde, le pneumocoque. Jusqu’à 7% à 8% des malades hospitalisés pour une pneumonie à pneumocoque font un infarctus du myocarde ».